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Comptabilité, fiscalité, financement, communication... La crise sanitaire va laisser des traces durables dans le fonctionnement des associations. Quelles sont-elles ? Dans cette troisième web conf Associathèque, nos experts font le point, thématique par thématique, sur les grands changements en cours. Et ils en profitent pour prodiguer leurs conseils afin de préparer au mieux la rentrée.

L'enquête « #Covid-19 : où en sont les associations un an après ? » réalisée auprès de 9 458 responsables d’associations qui vient de sortir révèle l'ampleur d'une crise sans précédent.

Impact sur l’activité, organisation du travail, lien avec les adhérents, les bénévoles et les bénéficiaires... 73 % des associations ont vécu en interne d'importants changements. Aujourd'hui encore, 40 % des associations sont à l'arrêt avec une perte de revenus d'activité d'environ 53 % et une augmentation de 32 % des dépenses pour les associations employeuses.

« La crise a touché toutes les associations mais à des degrés divers », tempère Philippe GUAY, expert-comptable et commissaire aux comptes, responsable de la ligne de service associations pour le cabinet In Extenso. « L’impact n’est pas le même si les financements proviennent de subventions, de dons, de mécénats ou bien de recettes en lien avec des manifestations culturelles ou sportives. Dans ce dernier cas, le niveau d’activité est garant du niveau de trésorerie, et ces associations ont connu un trou d’air. Elles doivent faire preuve d'ingéniosité pour inventer de nouvelles actions et réenclencher un rythme vertueux d’activités », explique-t-il.

Les pouvoirs publics ont joué le jeu

Les associations bénéficiant de subventions ont quant à elles vu leurs financements maintenus. « Globalement, les pouvoirs publics ont joué le jeu en maintenant leur soutien aux financements publics aux associations, moyennant l'engagement de report de l'activité », témoigne Brigitte Clavagnier, docteur en droit, avocate fiscaliste. « Pour l'avenir, il y a un enjeu fort à soigner la relation avec les collectivités locales et à bien connaître les aides ouvertes aux associations car elles sont nombreuses dans le cadre du plan de relance », ajoute-t-elle.

Globalement, les associations ont bénéficié d’un élan de générosité important au début de la crise. « Mais celui-ci s’est tari au fil des mois avec l’apparition de collectes abusives qui ont contribué à freiner les contributions financières des particuliers », témoigne Nathalie Blum, directrice générale du Don en Confiance. « Plus que jamais, il y a une obligation à la transparence. Il faut faire ce que l’on dit et dire de que l’on fait. Un donateur rassuré est un donateur fidèle », précise-t-elle.

Un coup de boost aux pratiques digitales

Une attitude également propice aux contributions d’entreprises : « La crise n’a pas mis de coup d’arrêt à leur besoin d’engagement, au contraire », explique Régis Chomel, spécialiste de la Responsabilité sociétale des organisations. « Paradoxalement, les entreprises sont nombreuses à chercher des projets à financer sans forcément les trouver. Il y a sans doute un axe de travail fort dans la communication sur internet, à l’heure où la crise a donné un coup de boost aux pratiques digitales », explique-t-il.

De nouveaux usages, qui impliquent aussi une vigilance accrue. « Les cyber attacks ont littéralement explosé avec le développement d’un commerce juteux tombé dans les mains de mafias bien organisées », explique Évelyne Jardin, maîtresse de conférences associée en communication à l'Université Paris Nanterre. « Les associations sont souvent victimes car elles ont des moyens réduits, notamment pour former leurs utilisateurs aux usages frauduleux ». Pour la spécialiste, il convient de panacher les moyens de communication. « À l’heure où les espaces rouvrent, il est important de réinvestir le print avec des campagnes d'affichage qui montrent leur efficacité », poursuit-elle.

Revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à ce qui fait la force du monde associatif, c’est aussi le conseil d’Erwan Royer est juriste en droit public. « En interdisant les manifestations, la crise sanitaire a mis en sommeil les forces vives du monde associatif : les équipes salariées, les bénévoles, la création du lien social... S’il faut relancer les partenariats publics et privés pour manager les ressources, il faut miser sur l’humain et donner aux collectifs la possibilité de se réunir à nouveau en toute sécurité. Dans ce cadre, il n’est pas inutile pour les associations de rappeler l’importance de la vaccination », conclut-il.