Entretien avec Maya Atig, Directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF)

Créée et animée par la Fédération Bancaire Française (FBF), l'opération « J'invite 1 banquier(e) dans ma classe » entre dans sa 6e année.

Cette action permet tout au long de l’année de sensibiliser les enfants aux notions de budget, moyens de paiement, épargne et sécurité, et plus particulièrement au cours de la semaine de l’éducation financière, du 22 au 26 mars 2021.

Elle repose sur l'organisation d'un atelier d'une heure dans des classes de CM1 et CM2. Animé par l'enseignant(e), il se met en place autour d'un jeu de plateau collaboratif, avec un banquier(e) invité(e). Cette année, la participation aux ateliers et les échanges avec la classe se feront en visio pour tenir compte du contexte sanitaire.

Depuis 2015, près de 50 000 élèves dans 1 850 classes ont bénéficié de cette opération.

Partenaire de « J’invite un banquier dans ma classe », le Crédit Mutuel revient dans un entretien avec Maya Atig sur la création de cette action et ses perspectives.

L’engouement pour l’opération « J’invite 1 banquier(e) dans ma classe » est encourageant, que ce soit de la part des enfants mais aussi du personnel éducatif. Les écoles et les professeurs sont nombreux à montrer leur intérêt pour le programme et à renouveler l’expérience. Maya Atig Directrice générale de la FBF

Dans quel contexte est née l’opération « J’invite 1 banquier(e) dans ma classe » ?

M.Atig : « J’invite 1 banquier(e) dans ma classe » est une opération qui s’inscrit dans le programme d’éducation financière et budgétaire de la Fédération bancaire française FBF, les clés de la banque. Les principes sont de mettre à disposition des informations concrètes, pratiques, pédagogiques, gratuites et indépendantes, pour sensibiliser les citoyens dès leur jeune âge.

Aujourd’hui, en France, l’éducation financière et budgétaire ne fait pas partie des programmes scolaires. Comme les enfants sont très tôt intéressés par les questions d’argent, et que la gestion de leur budget sert toute la vie, nous avons décidé, à l’occasion de la Global Money Week, et de sa déclinaison française, la semaine de l’éducation financière, pour lancer annuellement l’opération. Cela fait donc maintenant 6 ans que nous proposons aux classes de CM1 – CM2 un atelier ludo-pédagogique sur les notions de budget, moyens de paiement, épargne et sécurité notamment. Ce programme est placé sous le Haut patronage du Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse et a reçu le label EducFi de la Banque de France en octobre 2020.

Les ateliers peuvent se dérouler sur toute l’année scolaire, sur base volontaire de banquiers et d’enseignants pour se rencontrer dans la classe. Si jusqu’à l’année dernière un banquier invité était présent lors des ateliers pour répondre aux questions des enfants, la saison 2021 est digitale avec de nouvelles activités numériques. Le jeu de plateau peut se faire en classe avec l’enseignant, mais le banquier restera pour l’instant en visio.

Quelles évolutions avez-vous pu constater sur le rapport des enfants vis-à-vis de l’argent et de l’éducation financière au cours de ces 6 dernières années ?

M.A. : La rapidité des évolutions est impressionnante. Les enfants sont confrontés de plus en plus tôt au sujet de l’argent, et les enjeux se déplacent. C’est d’ailleurs ce que montre l’étude Harris interactive, que nous menons pour le lancement de l’opération « J’invite 1 banquier(e) dans ma classe ». Par exemple, alors que les bonbons étaient le principal achat, ils sont aujourd’hui à égalité avec les jouets, et les jeux vidéo sont désormais l’achat privilégié par les enfants (36 %, soit une hausse de 4 points vs. 2020).

Même si l’influence des amis est la plus forte pour les achats (77 %), 56 % des enfants se disent impactés par les influenceurs (+3 points par rapport à 2019) et 55 % par les publicités en ligne (+8 points). 51 % des enfants ont déjà effectué des achats en ligne, souvent, mais pas toujours, avec l’autorisation d’un adulte. L’âge moyen du premier achat sur Internet est de 10 ans et demi. Ces résultats sont aussi à mettre en relation avec la présence des enfants sur les réseaux sociaux qui ne cesse de progresser. 80 % des enfants déclarent ainsi utiliser un réseau social.

L’engouement pour l’opération « J’invite 1 banquier(e) dans ma classe » est encourageant, que ce soit de la part des enfants mais aussi du personnel éducatif. Les écoles et les professeurs sont nombreux à montrer leur intérêt pour le programme et à renouveler l’expérience.

Cette opération pourrait-elle être déclinée dans des classes d’enseignement supérieur, notamment avec le développement de la spéculation ?

M.A. : Il n’y a pas d’âge pour l’éducation financière et budgétaire. C’est d’ailleurs le sens des clés de la banque. L’opération « J’invite 1 banquier(e) dans ma classe » a été pensée pour les CM1 – CM2, et nous travaillons, avec les autres acteurs mais aussi au sein de la FBF pour enrichir encore ce programme et voir quels seraient les axes de développement pertinents dans les prochains mois et les prochaines années. D’autres programmes existent pour les plus grands : par exemple, la Banque de France propose aux collégiens un passeport d’éducation budgétaire et financière, ainsi que différentes actions de sensibilisation, présentées sur leur site internet.

Envisagez-vous pour les futures éditions d’inverser les rôles et lancer l’opération « J’invite un écolier (ou un étudiant) dans ma banque » ?

M.A. : La banque est un secteur qui attire les jeunes : environ 15 200 alternants étaient présents dans les banques à fin 2019 ! Malgré les préjugés, il intéresse les enfants, les jeunes adultes, et plus tard les étudiants. Il offre énormément d’opportunités, et il apprend des plus jeunes aussi, avec leurs changements de pratiques, leurs aspirations. Outre le fait que la spontanéité des enfants et leurs réactions sont des indicateurs extrêmement intéressants et enrichissants, que l’on découvre par exemple lors des stages d’observation et de découverte du monde professionnel de 3ème, sur lesquels nombre de banques se mobilisent pour accueillir des élèves, ils nous permettent d’appréhender une partie des enjeux de demain.

Pensez-vous que cette opération puisse contribuer à l’émergence de futures carrières dans la banque ?

M.A. : Nous ne voulons pas mélanger cette opération d’éducation financière et budgétaire, et la présentation de notre profession. L’opération « J’invite 1 banquier(e) dans ma classe » ne parle pas du métier lui-même, même si elle est incarnée par des banquières et banquiers ; elle permet de découvrir et de sensibiliser les enfants à un sujet, celui de l’argent. D’ailleurs, le professionnel vient d’ailleurs sans marque, il est là pour apporter une valeur pédagogique, pour répondre aux questions des enfants ou de l’enseignant ; bien entendu, si ces questions portent sur le métier de banquier, il y est répondu, mais ce n’est pas l’objectif premier.

Les enfants en CM1 – CM2 sont encore très jeunes, et il faut, je pense, attendre quelques années pour qu’ils puissent vraiment comprendre la multiplicité des opportunités et des métiers qu’il y a derrière celui de « banquier(e) ».

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