En décembre 2016, « Cœur Paysan » Alsace a ouvert les portes de son magasin de distribution en circuit court de produits locaux sous l’impulsion d’un groupe d’agriculteurs soucieux de reprendre leur place dans la société. Leur principal objectif, partager leur savoir-faire agricole local en démontrant que derrière chaque produit se trouve un paysan, une famille, une passion, un paysage...

Après quelques mois d’ouverture, Cœur Paysan attire plus de 400 clients par jour et est devenu également un lieu d’expérimentation pour les producteurs qui innovent grâce aux échanges avec les clients et leurs homologues.

Voir la vidéo de Denis Digel - Président de la Coopérative des maraichers de Sélestat « Coeur Paysan par les porteurs de projet »

Interview avec Emmanuelle Pagniez - Conseillère de clientèle agriculture de la Caisse de Crédit Mutuel Sélestat Scherwiller

Bonjour Madame Pagniez, pour commencer pouvez-vous nous dire en quelques mots qui vous êtes ?

Je suis entrée au Crédit Mutuel en juillet 2016 en tant que Chargé d’affaires agricoles dans le but de remplacer Jean Pierre Haas à son départ en retraite. Nous avons la chance de profiter d’une période de passation longue, plus d’un an, une expérimentation pour le groupe Crédit Mutuel. Cette phase avait plusieurs objectifs. Tout d’abord, Jean-Pierre étant présent depuis 17 ans, connu et reconnu sur tout le secteur, il était important d’effectuer une belle transition avec nos clients demandeurs d’un vrai relationnel humain. Venant d’un autre réseau bancaire, ce laps de temps m’a également aidé à m’approprier les outils et produits Crédit Mutuel. Enfin, cela nous a permis de nous dégager du temps pour de la prospection et savoir s’il était opportun de doubler ce poste, expérience concluante puisque nous cherchons à recruter un chargé d’affaires agricoles supplémentaire.

Comment avez-vous eu connaissance du projet « Cœur Paysan » ?

J’ai travaillé sur le dossier Cœur Paysan dès son lancement. Denis Digel, le porteur du projet et président de la coopérative des maraîchers de Sélestat est un client de longue date. Il nous a contactés dès fin juillet pour nous faire part de son idée et du timing serré. Le magasin devait ouvrir pour début décembre.

Comment avez-vous accueilli l’idée ? Est-ce que ce projet a été une évidence pour vous ?

Nous avons très vite compris que tout avait été murement étudié et le potentiel de réussite nous paraissait évident. Bien entendu, nous n’étions pas seuls sur le coup. Il nous a donc fallu être les meilleurs et les plus réactifs. Nous avons redoublé d’écoute et d’imagination pour apporter le meilleur conseil s’agissant du montage financier mais aussi dans l’accompagnement des clients dans la gestion quotidienne des flux, d’autant que le magasin n’est pas directement sur notre zone de chalandise. C’est sur ces aspects, je pense, que nous avons marqué des points. Nous nous sommes mis à leur place pour essayer d’anticiper au maximum leurs besoins.

Comment la réalisation de cette belle réussite a été portée en fédération ?

Le service engagement a été mis au courant dès que nous avions des éléments tangibles, afin d’échanger et de valider le dossier au mieux et au plus rapide. Nous les tenions informés de l’avancée du projet et des premières retombées. C’est une véritable satisfaction de groupe que d’accompagner de telles réussites. Les retombées médiatiques sont sans précèdent, radio, journaux télévisés, presse écrite, au niveau régional puis national et maintenant même à l’étranger. Cœur paysan a une identité propre qui séduit énormément. C’est une entreprise réalisée avec des personnes passionnées et solidaires. Par exemple, chaque agriculteur connait et sait parler des produits de ses collègues aux clients. De plus l’offre y est très large, on y retrouve des produits bruts, des produits transformés, on peut y faire toutes ses courses alimentaires.

Est-ce que vous pensez que « Cœur Paysan » fera des petits ?

Il y a de fortes chances que d’autres Cœurs Paysans voient le jour. Je pense que c’est une attente de bon nombre de consommateurs qui ont développé d’autres modes d’achats, d’autres façons de consommer. Le créneau est là, il faut maintenant que nos agriculteurs s’organisent pour vendre leurs produits en direct, l’avenir du monde agricole passera sans doute par là.