Légende : Pascal Durand

Vous quitterez le 26 mars votre poste de directeur général de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel : qu’a représenté cette étape dans votre parcours au sein du Crédit Mutuel ?

Mon parcours mutualiste a démarré au Crédit Mutuel en 2001 au sein du Crédit Mutuel Maine-Anjou, Basse-Normandie. J’ai eu la chance d’y côtoyer des fondateurs créateurs de caisse qui m’ont fait découvrir la pertinence de ce modèle social et économique. Pendant 7 ans, j’ai dirigé cette fédération avec la volonté de poursuivre cette philosophie de mettre la banque au service du développement économique et social d’un territoire. C’est donc naturellement que j’ai poursuivi cet engagement au service du Crédit Mutuel en acceptant la proposition de prendre la direction générale de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel, l’organe central du groupe. Venir diriger la CNCM, le temps de la réformer, c’était se mettre au service de l’intérêt général du groupe et ça a été un honneur d’occuper ce poste et de pouvoir mener à bien cette mission importante pour la stabilité et la solidité de notre groupe et l’ensemble de ses fédérations. J’ai le sentiment d’avoir accompli la mission qui m’avait été confiée au sein de la Confédération et c’est le moment opportun de me consacrer à la cause qui m’est chère personnellement : l’accompagnement des jeunes en fragilité psychique.

Venir diriger la Confédération Nationale du Crédit Mutuel, le temps de la réformer, c’était se mettre au service de l’intérêt général du groupe [...]

Quel bilan faites-vous de ces 3 années de mandat ?

Depuis 1958, l’organisation du Crédit Mutuel autour de la Confédération a permis de construire un des groupes bancaires européen les plus solides financièrement tout en respectant la culture et l’autonomie de décision propre à chaque fédération. J’ai démarré ma mission il y a 3 ans avec un mandat clair : mettre en place une gouvernance de la Confédération répondant à toutes les exigences des superviseurs tout en favorisant la dynamique de toutes nos fédérations.

Cette mission est désormais achevée et ce grâce à un travail collectif de l’ensemble des équipes de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel. Je veux ici saluer chaleureusement l’engagement continu des équipes confédérales, une équipe de seulement 220 personnes qui œuvre au quotidien dans l’intérêt de l’ensemble des 82 000 salariés et 7,9 millions de clients-sociétaires du groupe Crédit Mutuel. Je remercie également Nicolas Théry et l’ensemble des administrateurs de leur confiance et de leur soutien dans la mise en œuvre de cette réforme complexe et majeure. Les étapes de cette réforme ont été nombreuses et actent désormais des principes qui consolident notre groupe tant en matière de pouvoirs de l’organe central en termes de supervision et d’organisation de la solidarité qu’en matière de reconnaissance et de défense de la marque Crédit Mutuel. La réforme des règles de gouvernance s’est traduite par de nouveaux statuts en date du 31 mai 2018, approuvés par le ministre des finances le 10 juillet 2018 et a permis de réaffirmer la place de la subsidiarité dans notre modèle.

J’ai le sentiment d’avoir accompli la mission qui m’avait été confiée au sein de la Confédération et c’est le moment opportun de me consacrer à la cause qui m’est chère personnellement : l’accompagnement des jeunes en fragilité psychique

Comment définiriez vous le mutualisme en 2019 ?

Le mutualisme en 2019, c’est d’abord éminemment moderne. Avant d’être une banque le Crédit Mutuel était d’abord un mouvement social fondé sur le principe de « l’empowerment » selon la terminologie anglo-saxonne. Celui-ci se définit comme l’octroi de davantage de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur leurs conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques auxquelles ils sont confrontés. Ainsi Raiffeisen écrivait que :

« La Caisse forme des hommes, met en valeur une élite qui s’ignorait. Ces hommes, en jugeant avec bon sens et désintéressement les questions parfois très délicates qui leurs sont soumises, prennent conscience de leur propre valeur »

En 2019, le mutualisme apparaît donc comme une réponse au besoin « d’horizontalité » de la société française. Nous sommes et devons rester un groupe bancaire décentralisé et pour cela nous devons laisser le maximum de pouvoirs de décision aux entités de base que sont les caisses locales. Pour réussir cela, il y a une exigence forte, c’est que chaque élu et chaque salarié soit formé à la compréhension de notre modèle.

Sa pertinence nous a permis de construire un groupe bancaire solide et résilient démontrant son efficience sur le plan entrepreneurial et managérial.

Le mutualisme en 2019, c’est d’abord éminemment moderne

Quel est la teneur du futur projet dans lequel vous allez vous investir ?

Le projet dans lequel je vais m’investir s’inscrit dans cette logique d’empowerment et dans le Crédit Mutuel à travers sa Fondation. Au cœur des projets que nous développons au Crédit Mutuel, il y a deux grands principes : donner le maximum de responsabilité aux acteurs de terrain, qui sont ceux qui en connaissent les réalités, et les former en permanence pour qu’ils soient en phase avec les évolutions qui traversent notre société. Mon projet s’inscrit donc dans le droit fil de cette philosophie. Par l’éducation et la formation nous pouvons et devons redonner à chacun le pouvoir de se réaliser.

Cette philosophie, je souhaite la mettre au service d’une cause qui me tient à cœur pour des raisons personnelles : la santé mentale, en permettant à chaque malade psychique de bénéficier de soins de réhabilitation afin qu’ils puissent reprendre du pouvoir sur leur vie.

Cet enjeu sociétal est majeur, car il continue d’être totalement ignoré dans notre pays. Non seulement son coût annuel est estimé à plus de 100 milliards d’euros, mais la situation des malades et des familles est indigne d’un pays qui se veut une démocratie moderne. Il est donc impératif de développer rapidement des solutions permettant de favoriser le retour des malades à une vie normale.

Le mutualisme, c’est entreprendre pour répondre aux besoins de sa communauté de vie. Cette philosophie entrepreneuriale, je veux désormais la mettre au service de la cause de la santé mentale car je ne supporte plus de voir des vies brisées simplement parce qu’il n’y a personne pour accompagner les malades et les familles afin de favoriser le rétablissement. C’est en se basant sur les principes qui ont fait le Crédit Mutuel que je souhaite construire un projet permettant de développer la psycho éducation. Je suis heureux que la Fondation du Crédit Mutuel ait accepté de soutenir mon initiative.

Le mutualisme, c’est entreprendre pour répondre aux besoins de sa communauté de vie. Cette philosophie entrepreneuriale, je veux désormais la mettre au service de la cause de la santé mentale [...]. Cet enjeu sociétal est majeur